jeudi 15 juillet 2021

Prière eucharistique IV

PREFACE

Le Seigneur soit avec vous. Et avec votre esprit.

Le Seigneur soit avec vous. Et avec votre esprit.
Élevons notre coeur. Nous le tournons vers le Seigneur.
Rendons grâce au Seigneur notre Dieu. Cela est juste et bon

Vraiment, il est bon de te rendre grâce,
il est juste et bon de te glorifier, Père très saint,
car tu es le seul Dieu, le Dieu vivant et vrai :
tu étais avant tous les siècles, tu demeures éternellement,
lumière au-delà de toute lumière.

Toi, le Dieu de bonté, la source de la vie,
tu as fait le monde
pour que toute créature
soit comblée de tes bénédictions,
et que beaucoup se réjouissent de ta lumière.

Ainsi, les anges innombrables
qui te servent jour et nuit
se tiennent devant toi,
et, contemplant la splendeur de ta face,
n'interrompent jamais leur louange.

Unis à leur hymne d'allégresse,
avec la création tout entière
qui t'acclame par nos voix,
Dieu, nous te chantons :

SANCTUS

Saint! Saint! Saint! le Seigneur Dieu de l' univers!
Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
Hosanna au plus haut des cieux.
Beni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
Hosanna au plus haut des cieux.

POST- SANCTUS

Père très saint,
nous proclamons que tu es grand
et que tu as créé toutes choses
avec sagesse et par amour :
tu as fait l'homme a ton image,
et tu lui as confié l'univers,
afin qu'en te servant, toi son Créateur,
il règne sur la création.

Comme il avait perdu ton amitié
en se détournant de toi,
tu ne l'as pas abandonné au pouvoir de la mort.

Dans ta miséricorde,
tu es venu en aide à tous les hommes
pour qu'ils te cherchent et puissent te trouver.

Tu as multiplié les alliances avec eux,
et tu les as formés, par les prophètes,
dans l'espérance du salut.

Tu as tellement aimé le monde,
Père très saint,
que tu nous as envoyé ton propre Fils,
lorsque les temps furent accomplis,
pour qu'il soit notre Sauveur.

Conçu de l'Esprit Saint,
né de la Vierge Marie,
il a vécu notre condition d'homme
en toute chose, excepté le péché,
annonçant aux pauvres
la bonne nouvelle du salut;
aux captifs, la délivrance;
aux affligés, la joie.

Pour accomplir le dessein de ton amour,
il s'est livré lui-même à la mort,
et, par sa résurrection,
il a détruit la mort et renouvelé la vie.

Afin que notre vie ne soit plus à nous-mêmes,
mais à lui qui est mort et ressuscité pour nous,
il a envoyé d'auprès de toi,
comme premier don fait aux croyants,
I'Esprit qui poursuit son oeuvre dans le monde
et achève toute sanctification.

INVOCATION DE L'ESPRIT (EPICLESE DE SANCTIFICATION)

Que ce même Esprit Saint,
nous t'en prions, Seigneur,
sanctifie ces offrandes
qu'elles deviennent ainsi
le corps et le sang de ton Fils
dans la célébration de ce grand mystère
que lui-même nous a laissé
en signe de l'Alliance éternelle.

RECIT DE LA DERNIERE CENE

Quand l'heure fut venue où tu allais le glorifier,
comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde
il les aima jusqu'au bout :
pendant le repas qu'il partageait avec eux,
il prit le pain,
il le bénit, le rompit
et le donna à ses disciples, en disant

« Prenez, et mangez-en tous :
ceci est mon corps livré pour vous. »

De même, il prit la coupe remplie de vin,
il rendit grâce,
et la donna à ses disciples, en disant

« Prenez, et buvez-en tous,
car ceci est la coupe de mon sang,
le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle,
qui sera versé
pour vous et pour la multitude
en rémission des péchés.
Vous ferez cela,
en mémoire de moi. »

Il est grand, le mystère de la foi .

ACCLAMATIONS

Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus,
nous célébrons ta résurrection,
nous attendons ta venue dans la gloire.

Quand nous mangeons ce pain
et buvons à cette coupe,
nous célébrons le mystère de la foi

Nous rappelons ta mort,
Seigneur ressuscité,
et nous attendons que tu viennes.

Proclamons le mystère de la foi
Gloire à toi qui étais mort,
gloire à toi qui es vivant,
notre Sauveur et notre Dieu :
Viens, Seigneur Jésus!

MEMORIAL

Voilà pourquoi, Seigneur,
nous célébrons aujourd'hui
le mémorial de notre rédemption :
en rappelant la mort de Jésus Christ
et sa descente au séjour des morts,
en proclamant sa résurrection
et son ascension à ta droite dans le ciel,
en attendant aussi
qu'il vienne dans la gloire,
nous t'offrons son corps et son sang,
le sacrifice qui est digne de toi
et qui sauve le monde.

INVOCATION DE L'ESPRIT (EPICLESE ECCLESIALE)

Regarde, Seigneur, cette offrande
que tu as donnée toi-même à ton Église;
accorde à tous ceux qui vont partager ce pain
et boire à cette coupe
d'être rassemblés par l'Esprit Saint en un seul corps,
pour qu'ils soient eux-mêmes dans le Christ
une vivante offrande
à la louange de ta gloire.

INTERCESSIONS

Et maintenant, Seigneur, rappelle-toi
tous ceux pour qui nous offrons le sacrifice :
le Pape N.,
notre évêque N. et tous les évêques,
les prêtres et ceux qui les assistent,
les fidèles qui présentent cette offrande,
les membres de notre assemblée,
le peuple qui t'appartient
et tous les hommes qui te cherchent avec droiture.

Souviens-toi aussi
de nos frères qui sont morts dans la paix du Christ
et de tous les morts dont toi seul connais la foi.

A nous qui sommes tes enfants,
accorde, Père très bon,
l'héritage de la vie éternelle
auprès de la Vierge Marie,
la bienheureuse Mère de Dieu,
auprès des Apôtres et de tous les saints,
dans ton Royaume,
où nous pourrons,
avec la création tout entière
enfin libérée du pêche et de la mort,
te glorifier
par le Christ, notre Seigneur,
par qui tu donnes au monde
toute grâce et tout bien.

DOXOLOGIE

Par lui, avec lui et en lui,
à toi, Dieu le Père tout-puissant,
dans l'unité du Saint-Esprit,
tout honneur et toute gloire,
pour les siècles des siècles.

Amen.


vendredi 4 juin 2021

Sur la découverte des 215 tombes non-identifiées à Kamloops

 

Commentaire de Mgr Paul-André Durocher

sur la découverte des 215 tombes non-identifiées

au pensionnat autochtone de Kamloops


Gatineau, le 3 juin 2021

 

Chers amis, chères amies,

 

Comme vous, je suis bouleversé par la nouvelle de la découverte des 215 tombes non-identifiées d’enfants autochtones sur le terrain de l’école résidentielle de Kamloops. Je peine pour nos frères et sœurs autochtones dont les souffrances sont ravivées par cette nouvelle. En tant que membre d’une Église qui a contribué à cette désolation, j’ai honte.

Cette découverte jette une lumière crue sur ce que la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) nous avait appris il y a déjà huit ans. En effet, la CVR avait commandité une recherche sur la question du sort des enfants décédés dans les pensionnats autochtones. (https://nctr.ca/wp-content/uploads/2021/05/AAA-Hamilton-cemetery-FInal.pdf) Cette étude a conclu que de nombreux enfants étaient morts de tuberculose dans ces pensionnats, surtout avant 1950. La CVR avait dénombré plus de 3000 décès enregistrés, un taux de mortalité deux à trois fois plus élevé que dans la population générale. Les registres étant partiels, on peut croire que ce chiffre est bas. Le rapport notait que les soins de santé dans plusieurs de ces pensionnats étaient sous-financés et de pauvre qualité. De plus, le gouvernement refusait de payer les frais pour rapatrier les corps des enfants décédés pour que leurs parents puissent les enterrer de façon convenable chez eux. Ils étaient souvent inhumés dans des cimetières sur le terrain de l’école, sans pierre tombale, sans identification. La CVR avait conclu qu’au moins 90 enfants étaient morts durant les années d’existence du pensionnat de Kamloops, soit de 1890 à 1969. Les recherches récentes au radar souterrain ont révélé qu’il y en avait au moins 215. Les recherches se poursuivent, et on peut s’attendre à ce qu’on découvre des tombes additionnelles.

Cette triste découverte a ravivé les blessures profondes de nos frères et sœurs autochtones qui ont fréquenté ces institutions. Elle souligne aussi à quel point tout le système des écoles résidentielles était inique. Même si certains anciens résidents peuvent nommer des aspects positifs de leur expérience dans ces pensionnats, le système lui-même véhiculait une vision raciste selon laquelle les autochtones devaient être éduqués « à la blanche » afin d’intégrer la société canadienne. Il cherchait à assimiler les autochtones et à faire mourir leur culture. Il a déchiré des familles, créé des lieux de propagation la maladie et, souvent, de violence. À l’époque, des églises chrétiennes, des diocèses et des communautés religieuses croyaient bien faire en participant à ce système. Aujourd’hui, nos yeux se sont ouverts.

Je me joins aux nombreux responsables d’Églises locales et d’institutions religieuses qui ont géré ces écoles en demandant pardon avec eux pour le mal qui a été fait. Je veux contribuer à ma façon à réparer ce mal, en autant qu’il peut être réparé. Je sais que le chemin sera long, mais je m’engage à y marcher avec toute personne de bonne volonté.

Devant ces révélations, que pouvons-nous faire? Nous pouvons nous informer du travail de la CVR si ce n’est pas encore fait et nous familiariser avec ses appels à l’action, qu’on peut retrouver ici :

            http://trc.ca/assets/pdf/Calls_to_Action_French.pdf

Nous pouvons faire nôtre les excuses qui ont été présentées depuis le début des 1990 par les responsables des organismes religieux qui ont géré ces écoles. Vous pouvez les retrouver ici :

https://www.cccb.ca/fr/peuples-autochtones/pensionnats-indiens-et-cvr/

Au sujet des découvertes récentes à Kamloops, vous pouvez lire les commentaires (i) du provincial des pères Oblats qui avaient géré cette école; (ii) de l’archevêque de Vancouver sur le terrain duquel se trouvait l’école de nombreuses années d’existence; (iii) de l’archevêque de Régina; (iv) du président de la CÉCC et (v) du président de l’AÉCQ, ici :

(i)    https://secureservercdn.net/104.238.71.250/30a.492.myftpupload.com/wp-content/uploads/2021/05/Media-Release-KIRS-1.pdf

(ii)   https://rcav.org/first-nations

(iii)  https://archregina.sk.ca/news/2021/06/02/statement-archdiocese-regina-regarding-tk%E2%80%99eml%C3%BAps-te-secw%C3%A9pemc-first-nation

(iv)  https://www.cccb.ca/wp-content/uploads/2021/05/CCCB-Statement-on-discovery-at-residential-school-in-Kamloops-31-May-2021-FR.pdf

(v)   https://evequescatholiques.quebec/sn_uploads/fck/2021-06-03_Communique_Kamloops.pdf

Enfin, Mme Julie Cool, agente de pastorale diocésaine, est prête à animer des groupes d’échange à partir du nouveau texte « À l’écoute des voix autochtones. Guide de dialogue sur la justice et les relations équitables » publié par le Forum jésuite pour la foi sociale et la justice. Pour indiquer votre intérêt dans un tel échange, communiquez avec elle à l’adresse courriel cool.j@diocesegatineau.org.

L’Évangile de Jésus-Christ nous pousse à demander pardon pour nos fautes, à nous réconcilier et à rechercher l’unité. Animés par cet Évangile, dénonçons les injustices du passé, accompagnons les douleurs du présent et bâtissons ensemble un meilleur avenir.


+ Paul-André Durocher,

Archevêque de Gatineau.

jeudi 6 mai 2021

Retraite des prêtres de l'Ouest du Québec - jeudi après-midi

Texte sur l'Église tout entière ministérielle et missionnaire

  • http://www.aasm.ch/pages/echos/ESM071022.pdf


Texte sur la synodalité

  • https://www.xavieres.org/2011/05/04/la-synodalite-un-chemin-de-conversion-communautaire-nathalie-becquart/

mercredi 5 mai 2021

Retraite des prêtres de l'Ouest du Québec - jeudi matin

 Prêtre - hiereus 

  • (appliqué aux prêtres du Temple, à Jésus et à l'ensemble des disciples)

Tout grand prêtre, en effet, est pris parmi les hommes ; il est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu ; il doit offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Il est capable de compréhension envers ceux qui commettent des fautes par ignorance ou par égarement, car il est, lui aussi, rempli de faiblesse ; et, à cause de cette faiblesse, il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés comme pour ceux du peuple. On ne s’attribue pas cet honneur à soi-même, on est appelé par Dieu, comme Aaron. Il en est bien ainsi pour le Christ : il ne s’est pas donné à lui-même la gloire de devenir grand prêtre ; il l’a reçue de Dieu, qui lui a dit : Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré, car il lui dit aussi dans un autre psaume : Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek pour l’éternité. (Hé 5, 1-6)

Jusque-là, un grand nombre de prêtres se sont succédé parce que la mort les empêchait de rester en fonction. Jésus, lui, parce qu’il demeure pour l’éternité, possède un sacerdoce qui ne passe pas. C’est pourquoi il est capable de sauver d’une manière définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu, car il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur. C’est bien le grand prêtre qu’il nous fallait : saint, innocent, immaculé ; séparé maintenant des pécheurs, il est désormais plus haut que les cieux. Il n’a pas besoin, comme les autres grands prêtres, d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour ses péchés personnels, puis pour ceux du peuple ; cela, il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même. La loi de Moïse établit comme grands prêtres des hommes remplis de faiblesse ; mais la parole du serment divin, qui vient après la Loi, établit comme grand prêtre le Fils, conduit pour l’éternité à sa perfection. (Hé 7, 23-28)

Jean, aux sept Églises qui sont en Asie mineure : à vous, la grâce et la paix, de la part de Celui qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui sont devant son trône, de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des rois de la terre. À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen. (Ap 1, 4-7)

Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ... Vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. (I P 2, 5.9)


Prêtre - presbyteros 

  • (appliqué aux hommes choisis comme responsables de la communauté, tant chez les Juifs que chez les chrétiens)

À partir de ce moment, Jésus commença à montrer à ses disciples qu'il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et le troisième jour ressusciter. (Mt 16, 21)

À leur arrivée à Jérusalem, Paul et Barnabé furent accueillis par l’Église, les Apôtres et les Anciens, et ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux. (Actes 15, 4)

Depuis Milet, Paul envoya un message à Éphèse pour convoquer les Anciens de cette Église. Quand ils furent arrivés auprès de lui, il leur adressa la parole : " [...] Veillez sur vous-mêmes, et sur tout le troupeau dont l’Esprit Saint vous a établis responsables, pour être les pasteurs de l’Église de Dieu, qu’il s’est acquise par son propre sang. " (Acts 20, 17.28)

Si je t’ai laissé en Crète, c’est pour que tu finisses de tout organiser et que, dans chaque ville, tu établisses des Anciens comme je te l’ai commandé moi-même. L’Ancien doit être quelqu’un qui soit sans reproche, époux d’une seule femme, ayant des enfants qui soient croyants et ne soient pas accusés d’inconduite ou indisciplinés. Il faut en effet que le responsable de communauté soit sans reproche, puisqu’il est l’intendant de Dieu ; il ne doit être ni arrogant, ni coléreux, ni buveur, ni brutal, ni avide de profits malhonnêtes ; mais il doit être accueillant, ami du bien, raisonnable, juste, saint, maître de lui. Il doit être attaché à la parole digne de foi, celle qui est conforme à la doctrine, pour être capable d’exhorter en donnant un enseignement solide, et aussi de réfuter les opposants. (Tite 1, 5-9)


Les deux sacerdoces - une différence d'essence


Le sacerdoce ministériel ou hiérarchique des évêques et des prêtres, et le sacerdoce commun de tous les fidèles, bien que " l’un et l’autre, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ " (LG 10), diffèrent cependant essentiellement, tout en étant " ordonnés l’un à l’autre " (LG 10). En quel sens ? Alors que le sacerdoce commun des fidèles se réalise dans le déploiement de la grâce baptismale, vie de foi, d’espérance et de charité, vie selon l’Esprit, le sacerdoce ministériel est au service du sacerdoce commun, il est relatif au déploiement de la grâce baptismale de tous les chrétiens. Il est un des moyens par lesquels le Christ ne cesse de construire et de conduire son Église. C’est pour cela qu’il est transmis par un sacrement propre, le sacrement de l’Ordre. (Catéchisme de l'Église catholique - 1547)

Retraite des prêtres de l'Ouest du Québec - mercredi après-midi

Pâques

Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » (Lc 24, 28-32)

Ce qui est étonnant pour nous encore aujourd’hui, c’est le comportement des Apôtres après la résurrection. Ils sont méconnaissables! Avant Pâques, ils ont suivi Jésus de Nazareth qui les a appelés; après son arrestation et sa crucifixion, ils ont fui et sont retournés en Galilée. Après Pâques, ils reviennent à Jérusalem et affirment la résurrection Le changement rapide des disciples nous émerveille. La communauté s’édifie. On se rassemble autour de cet événement, autour de la personne de Jésus, le Christ ressuscité. La transformation des Apôtres ne vient donc pas uniquement de leur réflexion, mais surtout de la rencontre du Ressuscité, de l’expérience saisissante qui les bouleverse et les transforme. Il s’est donc passé quelque chose. La rencontre du Ressuscité n’est pas le fruit de l’imagination des apôtres. Ce n’est pas la foi des Apôtres qui imagine la résurrection de Jésus, c’est plutôt la rencontre du Ressuscité qui crée la foi des Apôtres. L’expérience du Ressuscité rassemble, crée la communauté, garantit la communion. (René Pageau, 20 avril 2017)


Vendredi Saint

Le Christ est venu, grand prêtre des biens à venir. Par la tente plus grande et plus parfaite, celle qui n’est pas œuvre de mains humaines et n’appartient pas à cette création, il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, en répandant, non pas le sang de boucs et de jeunes taureaux, mais son propre sang. De cette manière, il a obtenu une libération définitive. ’il est vrai qu’une simple aspersion avec le sang de boucs et de taureaux, et de la cendre de génisse, sanctifie ceux qui sont souillés, leur rendant la pureté de la chair, le sang du Christ fait bien davantage, car le Christ, poussé par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans défaut ; son sang purifiera donc notre conscience des actes qui mènent à la mort, pour que nous puissions rendre un culte au Dieu vivant. Voilà pourquoi il est le médiateur d’une alliance nouvelle, d’un testament nouveau. (Hébreux 9, 11-15)

Le Fils de Dieu, Jésus Christ, en tant qu'homme, dans la prière ardente de sa passion, a permis à l'Esprit Saint, qui avait déjà pénétré jusqu'au fond son humanité, de la transformer en un sacrifice parfait par l'acte de sa mort, comme victime d'amour sur la Croix. C'est seul qu'il a présenté cette offrande. Prêtre unique, il «s'est offert lui-même sans tache à Dieu». Dans son humanité, il était digne de devenir un tel sacrifice car lui seul était «sans tache». Mais il l'a offert «par un Esprit éternel»: cela signifie que l'Esprit Saint a agi d'une manière spéciale dans ce don absolu de lui-même réalisé par le Fils de l'homme pour transformer la souffrance en amour rédempteur. (Jean-Paul II, Dominum et vivificantem, 40)


Jeudi Saint

J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. (I Cor 11, 23-26)

En instituant le sacrement de l'Eucharistie, Jésus anticipe et intègre le Sacrifice de la croix et la victoire de la résurrection. Dans le même temps, il se révèle comme le véritable agneau immolé, prévu dans le dessein du Père dès avant la création du monde, ainsi qu'il est écrit dans la première Lettre de Pierre (cf. 1, 18-20). En situant l'offrande de lui-même dans ce contexte, Jésus rend manifeste la signification salvifique de sa mort et de sa résurrection, mystère qui devient ainsi une réalité qui renouvelle l'histoire et le cosmos tout entier. L'institution de l'Eucharistie montre en effet que cette mort, en soi violente et absurde, est devenue en Jésus un acte suprême d'amour et pour l'humanité une libération définitive du mal. (Benoît XVI, Sacramentum caritatis, 10)


La transformation du pain et du vin

Dans ses Catéchèses, saint Cyrille de Jérusalem rappelle que nous « invoquons Dieu miséricordieux pour qu'il envoie son Esprit Saint sur les oblats qui sont exposés, afin qu'Il transforme le pain en corps du Christ et le vin en sang du Christ. Ce que l'Esprit Saint touche est sanctifié et transformé totalement ». Saint Jean Chrysostome souligne aussi que le prêtre invoque l'Esprit Saint quand il célèbre le Sacrifice: comme Élie, le ministre – dit-il – attire l'Esprit Saint afin que, « la grâce descendant sur la victime, les âmes de tous s'enflamment par elle ». Une conscience plus claire de la richesse de l'anaphore est d'autant plus nécessaire pour la vie spirituelle des fidèles: avec les paroles prononcées par le Christ lors de la dernière Cène, elle contient l'épiclèse, en tant qu'invocation au Père pour qu'il fasse descendre le don de l'Esprit afin que le pain et le vin deviennent le corps et le sang de Jésus Christ et que « la communauté tout entière devienne toujours davantage Corps du Christ ». (Benoît XVI, Sacrmentum caritatis, 13)


La transformation de l'assemblée

La transformation des dons, qui n'est que la suite des transformations fondamentales de la croix et de la résurrection, n'est pas le point final, mais elle est, elle aussi, seulement un début. L'objectif de l'Eucharistie est la transformation de ceux qui la reçoivent dans l'authentique communion avec sa transformation. L'objectif est donc l'unité, la paix que nous, qui sommes des individus séparés, qui vivons les uns aux côtés des autres, ou les uns contre les autres, nous devenions avec le Christ et en lui, un organisme de donation, pour vivre en vue de la résurrection et du nouveau monde. (Joseph Ratzinger, Conférence au congrès eucharistique de Bénévent, 2 juin 2002)


La transformation du monde

Les fidèles sont invités à prendre conscience qu’une Eglise véritablement eucharistique est une Eglise missionnaire. De fait, l’Eucharistie est source de mission. Dans l’Eucharistie nous devenons toujours davantage disciples du Christ, écoutant la Parole de Dieu qui nous conduit à une rencontre communautaire avec le Seigneur à travers la célébration du mémorial de sa mort et de sa résurrection et à travers la communion sacramentelle avec Lui. Cette rencontre eucharistique se réalise dans l’Esprit Saint qui nous transforme et nous sanctifie. Elle réveille chez le disciple la ferme volonté d’annoncer aux autres, avec audace, ce qu’il a écouté et vécu, pour les conduire eux aussi à cette même rencontre avec le Christ. Le disciple, envoyé par l’Eglise, s’ouvre ainsi à une mission sans frontière. (Synode des évêques 2005, Proposition 42)

mardi 4 mai 2021

Retraite des prêtres de l'Ouest du Québec - mercredi matin

Le Royaume dans l'enseignement de Jésus

Après l'arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l'Évangile de Dieu; il disait : "Les temps sont accomplis: le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l'Évangile." (Mc 1, 14-15)

Heureux les pauvres de coeur, le Royaume des cieux est à eux. (Mt 5, 3)

Si c'est par le doigt de Dieu que j'expulse les démons, c'est donc que le règne de Dieu est venu jusqu'à vous. (Lc 11, 20)

Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton Règne vienne. (Mt 6, 9-10)


Le Royaume dans l'enseignement de Paul

Le Royaume de Dieu est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint. (Rm 14, 17)

Dieu nous dévoile le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l'avait prévu dans le Christ: pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre. (Éph 9-10) 


La cause de l'Église

Le projet de l'Église est centré sur le Christ lui-même, qu'il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l'histoire jusqu'à son achèvement dans la Jérusalem céleste. (Jean Paul II, Novo Millenio Ineunte, no 29)

Retraite des prêtres de l'Ouest du Québec - Mardi après-midi

 Communauté tout entière évangélisatrice

Après cela, parmi les disciples le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups...» Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. » (Luc 10, 1-3.17) 

Née par conséquent de la mission, l’Eglise est à son tour envoyée par Jésus. L’Eglise reste dans le monde lorsque le Seigneur de gloire retourne au Père. Elle reste comme un signe à la fois opaque et lumineux d’une nouvelle présence de Jésus, de son départ et de sa permanence. Elle le prolonge et le continue. Or, c’est avant tout sa mission et sa condition d’évangélisateur qu’elle est appelée à continuer[39]. Car la communauté des chrétiens n’est jamais close en elle-même. En elle la vie intime — vie de prière, écoute de la Parole et de l’enseignement des Apôtres, charité fraternelle vécue, pain partagé — n’a tout son sens que lorsqu’elle devient témoignage, provoque l’admiration et la conversion, se fait prédication et annonce de la Bonne Nouvelle. C’est ainsi toute l’Eglise qui reçoit mission d’évangéliser, et l’œuvre de chacun est importante pour le tout.  (Paul VI, Evangelii Nuntiandi, no 15)

Être Église c’est être Peuple de Dieu, en accord avec le grand projet d’amour du Père. Cela appelle à être le ferment de Dieu au sein de l’humanité. Cela veut dire annoncer et porter le salut de Dieu dans notre monde, qui souvent se perd, a besoin de réponses qui donnent courage et espérance, ainsi qu’une nouvelle vigueur dans la marche. L’Église doit être le lieu de la miséricorde gratuite, où tout le monde peut se sentir accueilli, aimé, pardonné et encouragé à vivre selon la bonne vie de l’Évangile. (Pape François, Evangelii Gaudium, no 114)


Communauté tout entière solidaire

Puisque vous avez tout en abondance, la foi, la Parole, la connaissance de Dieu, toute sorte d’empressement et l’amour qui vous vient de nous, qu’il y ait aussi abondance dans votre don généreux ! Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. Car s’il y a de l’ardeur, on est bien reçu avec ce que l’on a, peu importe ce que l’on n’a pas. Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité. Dans la circonstance présente, ce que vous avez en abondance comblera leurs besoins, afin que, réciproquement, ce qu’ils ont en abondance puisse combler vos besoins, et cela fera l’égalité, (II Cor 8, 7.9.12-14)

L'option ou l'amour préférentiel pour les pauvres est une option, ou une forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne toute la tradition de l'Eglise. Elle concerne la vie de chaque chrétien, en tant qu'il imite la vie du Christ, mais elle s'applique également à nos responsabilités sociales et donc à notre façon de vivre, aux décisions que nous avons à prendre de manière cohérente au sujet de la propriété et de l'usage des biens. Mais aujourd'hui, étant donné la dimension mondiale qu'a prise la question sociale, cet amour préférentiel, de même que les décisions qu'il nous inspire, ne peut pas ne pas embrasser les multitudes immenses des affamés, des mendiants, des sans-abri, des personnes sans assistance médicale et, par-dessus tout, sans espérance d'un avenir meilleur: on ne peut pas ne pas prendre acte de l'existence de ces réalités. Les ignorer reviendrait à s'identifier au «riche bon vivant» qui feignait de ne pas connaître Lazare le mendiant qui gisait près de son portail (cf. Lc 16, 1931). (Jean Paul II, Sollicitudo Rei Socialis, no 42) 


Communauté tout entière sainte

« Proposition d’une Charte communautaire des Béatitudes »

  • Heureux les pauvres en Esprit

Nous nous engageons à incarner une Église pauvre parmi les pauvres. Avec Jésus, nous abandonnons toute prétention au prestige et au pouvoir pour nous faire servants et proches du peuple. Notre force ne réside pas dans nos propriétés et nos placements, mais dans l’Esprit qui nous pousse à tout donner par amour pour les autres. 

  • Heureux les doux

Dans un monde qui mise sur le pouvoir et la domination, notre communauté affectionne la tendresse et la douceur. Nous ne sommes pas en compétition avec qui que ce soit (surtout pas nos paroisses voisines!). Nos relations seront basées sur le respect mutuel et l’humilité. Nous règlerons nos conflits par le dialogue plutôt que par l’affrontement. Nous serons attentifs aux plus petits.

  • Heureux les affligés

Suivant Jésus qui a pleuré la mort de Lazare, nous voulons être sensibles à la douleur de chacun. Nous prendrons le temps de vivre les deuils et de faire face aux épreuves ensemble. Nous ne passerons pas trop vite sur les difficultés, mais accepterons la complexe réalité des situations. Nous n’aurons pas peur de la Croix, car nous croyons en Pâques.

  • Heureux les affamés et assoiffés de la justice

Nous voulons tendre à la justice en nous ajustant à la volonté de Dieu en toute chose. Nous chercherons à faire advenir la justice parmi nous et dans notre milieu social. La quête de la justice colorera toutes nos activités et nos engagements. Nous dénoncerons les injustices et nous agirons pour transformer les situations injustes afin que tous et toutes puissent vivre avec dignité.

  • Heureux les miséricordieux

Nous voulons vivre les deux faces de la miséricorde, le don et le pardon, car elles reflètent la perfection de Dieu révélée en Jésus. Nous voulons être compatissants comme notre Père est compatissant. Plutôt que de juger, nous tenterons de comprendre. Plutôt que de condamner, nous essaierons d’accompagner. Plutôt que d’exclure, nous chercherons à intégrer.

  • Heureux les cœurs purs

Au cœur de notre communauté, nous ne chercherons qu’une chose : connaître Jésus, aimer Jésus et imiter Jésus. Tout sera orienté vers cette fin afin d’assurer notre intégrité et notre pureté comme communauté. Dans la prière et le discernement, nous purifierons nos intentions pour qu’elles correspondent toujours à notre raison d’être.

  • Heureux les persécutés pour la justice

Nous savons que le chemin vers la sainteté n’est pas facile. Nous savons qu’en suivant Jésus, nous allons à contre-courant. Nous suivons un Christ qui a été rejeté, jugé, torturé et mis à mort. Mais nous croyons que ce chemin de Croix est aussi un chemin de joie et qu’en acceptant de mourir à nous-mêmes, nous apprenons à vivre pour les autres comme lui. En communion avec nos frères et sœurs qui, ailleurs dans le monde, sont persécutés et tués, nous nous engageons à demeurer fidèles et à toujours marcher dans les pas de Jésus.