mercredi 1 février 2012

Comment rendrai-je le bien que tu m'as fait?

Lire I Corinthiens 9, 16-23

Un jour, j’ai été bien mal pris. Ou plutôt devrais-je dire, un soir. J’avais décidé de me rendre de nuit de Timmins à Ottawa, près de 800 kilomètres. Vers quatre heures du matin, sur la route entre Temiskaming et North Bay, j’ai manqué d’essence. Ceux qui connaissent ce chemin savent qu’il traverse une centaine de kilomètres de forêt inhabitée. J’ai du attendre presque une heure avant qu’une auto passe par là. Heureusement, le chauffeur a eu pitié de moi et m’a pris avec lui. Nous avons trouvé un poste d’essence isolé quelques trente kilomètres plus loin où j’ai pu remplir un bidon d’essence. Mon bon Samaritain a offert de me reconduire à mon auto, ce que j’ai accepté avec joie. En retour, j’ai payé pour faire remplir son réservoir.

N’était-il pas normal que je remette ainsi la charité à cet homme qui m’en avait tant montré? L’essence que je lui ai payée était bien peu comparée au service qu’il me rendait, au temps qu’il me sacrifiait, lui qui avait bien hâte de se rendre à Toronto. La politesse exigeait que je lui remette un peu la faveur qu’il m’avait accordée. Je n’ai aucune gloire à tirer de mon geste. Lorsque je raconte cette histoire, ce n’est pas moi le héros, c’est lui.

Cette attitude est aussi celle de Saint Paul alors que, dans les versets qui nous sont proposés ce dimanche, il explique aux Corinthiens comment il voit sa tâche d’apôtre. Il n’a aucune gloire à en tirer. Il n’est pas le héros de son histoire. Au contraire, toute gloire revient au Seigneur, qui l’a délivré des ténèbres et l’a fait entrer dans son admirable lumière. Pour Paul, le ministère qu’il exerce n’est pas une faveur faite à Dieu : c’est une obligation qui lui incombe du fait de la grande générosité que Dieu a manifestée à son égard.

Et cela va encore plus loin. En signe de sa gratitude, Paul essaie de se passer de tout soutien venant de ceux qu’il évangélise. Ce n’est pas qu’il n’en a pas le droit. Mais, dans ce cas-ci, Paul choisi plutôt de travailler de ses mains pour se gagner un salaire, afin de rester libre par rapport aux Corinthiens.

Cela lui permet de venir parmi les Corinthiens comme un ami plutôt qu’un employé. Il vient partager leur vie, s’engager dans leur communauté. Ce partage de vie fraternelle sera le moyen privilégié pour lui de faire résonner la Parole de Dieu. Tout cela, il le fait pour le bien des Corinthiens. La seule récompense qu’il cherche, il l’a déjà reçue, non comme une récompense mais comme un cadeau : le salut en Jésus-Christ.

Il en est ainsi pour nous qui connaissons l’amour de Dieu. Ce que nous faisons de bon et de beau, les services que nous rendons, les gestes de compassion que nous posons, ne sont pour nous qu’une réponse à une générosité extraordinaire qui nous a déjà été faite. La vie chrétienne n’est pas une recherche de récompense, mais la réaction d’un cœur qui se sait aimé gratuitement.

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