mercredi 6 mars 2013

Pardon vs réconciliation


Lire II Corinthiens 5, 17-21

Pardonner, c’est une chose. Se réconcilier, c’est une autre.

Réduit à ses dimensions élémentaires, le pardon c’est simplement la décision de ne pas chercher vengeance auprès de la personne qui nous a blessés. C’est accepter que la faute ne soit pas punie. « Va, je te pardonne » veut dire « Tu peux partir en paix, je ne courrai pas après toi, je ne chercherai pas une compensation pour le mal que tu m’as fait. »

La réconciliation, c’est quelque chose de plus compliqué. Certes, la réconciliation exige le pardon. On ne peut se réconcilier avec quelqu’un sans qu’un pardon soit accordé et accepté. Mais se réconcilier, ça veut dire recréer une relation qui a été blessée. Ça veut dire renouer avec quelqu’un qui nous as fait mal, malgré le mal.

J’ai connu un couple où époux et épouse s’étaient blessés mutuellement, de façon très sérieuse. Avec l’aide d’un accompagnement professionnel, ils ont pu se pardonner mutuellement. Mais ils n’ont pas pu se réconcilier. Ils étaient prêts à laisser tomber l’offense, mais non pas à rebâtir leur relation. Ils se sont quittés sans trop d’amertume, mais ils se sont quittés.

Une relation, c’est comme un ruban élastique. Sous le stress d’une blessure, la relation peut se faire étirer. Mais si la blessure n’est pas trop sévère, le pardon peut mener à la réconciliation : comme un ruban élastique qui reprend sa forme première, la relation peut être renouvelée, comme recréée. Mais si la blessure est trop sévère, la relation peut être brisée : alors, comme un ruban élastique déchiré, il n’y a plus rien à faire.

Du moins, hors de Dieu, il semble qu’on ne peut plus rien faire. Mais en Dieu, la réconciliation est toujours offerte. Dieu ne veut pas seulement nous pardonner nos fautes, il veut nous réconcilier avec lui. Dieu désire plus que la paix de notre cœur : il veut habiter notre cœur. Il veut nous faire vivre de son amour.

Dans l’extrait que nous lisons ce dimanche de la deuxième lettre aux Corinthiens, Paul se sert de l’expression « réconcilier » pas moins de cinq fois en deux phrases. Et ce passage culmine en cet appel qui vient du cœur de Paul : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu. »

Le carême nous est donné comme un temps privilégié de réconciliation. Non seulement Dieu nous offre-t-il le pardon de nos fautes, Dieu nous propose un nouveau partenariat, une nouvelle alliance. Dieu nous propose la réconciliation. Car en Dieu, tout peut recommencer. Tout peut être nouveau.

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