samedi 6 juillet 2013

Tout un tatouage!

Lire Galates 6, 14-18

Pour les Juifs, la circoncision des mâles est le signe physique essentiel de l’appartenance au Peuple choisi, un signe inscrit de façon permanente dans la chair, de façon encore plus radicale qu’un simple tatouage. Dans le récit où Dieu établit son Alliance avec Abraham, c’est Dieu lui-même qui fixe cette loi pour tous les descendants de ce dernier. Les historiens des religions discutent du sens de la circoncision dans l’ancien Moyen-Orient : serait-ce un signe d’appartenance, un sacrifice sanglant ou un rite de passage? Quoi qu’il en soit, la loi de la circoncision pour les hommes juifs ne connaissait pas d’exception. Un païen qui désirait devenir juif devait se faire circoncire.

Voilà le nœud du problème qui pose difficulté aux Galates nouvellement convertis à la foi en Jésus-Christ. Venus des religions traditionnelles grecques, ils ne connaissent rien aux lois d’Israël. Saint Paul, qui leur a proclamé l’Évangile, leur a fait comprendre qu’ils ne devaient pas s’occuper de ces lois, puisque le salut vient de la foi en Jésus, Sauveur du monde. Mais d’autres disciples, qui ont grandi dans le judaïsme, ne le voient pas ainsi. Pour eux, Jésus est juif, il n’est pas venu abolir la Loi. Alors, pour suivre Jésus, il faut aussi se soumettre à la loi juive. Conclusion : ces nouveaux chrétiens doivent se faire circoncire.

Pour Paul, cette question symbolise le conflit fondamental entre deux façons de comprendre notre relation à Dieu. Cette relation dépend-elle d’abord de ce que je fais à l’égard de Dieu, ou dépend-elle d’abord de ce que Dieu fait à mon égard? Pour Paul, la réponse est claire : Dieu est venu vers nous en son fils Jésus, il s’est penché sur nous dans son grand amour — manifesté sur la croix — et il nous a libérés des puissances du mal en nous donnant son Esprit. Tout vient de Dieu. Tout est grâce.

Selon Paul, croire en la circoncision comme nécessaire au salut -- ou en n’importe quelle autre condition que nous aurions à rencontrer --, c’est glisser vers cet orgueil qui veut nous faire croire que nous pouvons nous sauver nous-mêmes. C’est nier la gratuité de l’amour de Dieu pour nous. C’est affirmer que la mort de Jésus n’est pas l’événement central de cette histoire d’amour. C’est nous aligner avec l’esprit du « monde » plutôt qu’avec l’Esprit de Jésus.

Voilà pourquoi Paul affirme de façon radicale : « La croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil... Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir ou de ne pas avoir de circoncision, c’est la création nouvelle. »

Dans cette « création nouvelle », la Loi se résume à l’amour inconditionnel, amour reçu de Dieu, amour partagé avec les autres. C’est par amour que Paul avait été lapidé et flagellé : voilà les seules « marques » qu’il porte dans son corps et qui ont un sens pour lui.

Ce même amour, enfin, permet à Paul de finir cette lettre abrupte et raide avec des mots de tendresse à l’égard des Galates : « Frères, » les appelle-t-il malgré la controverse qui les oppose, « que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. » À une telle prière qui recherche l’unité au-delà des conflits, nous ne pouvons que répondre avec Paul : « Amen! »

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