samedi 14 décembre 2013

La patience tout de suite! - Troisième dimanche de l'Avent, année C


« Ah, que les lignées aux caisses sont lentes. J’ai des desserts à préparer à la maison pour le temps des fêtes. Et les cartes de souhaits qui attendent à être envoyées. Et les enfants qui n’en finissent plus de me demander combien de dodos avant Noël. Seigneur, donne-moi de la patience... et donne-la-moi tout de suite! »

Chère patience, qui se laisse désirer. Patienter c’est se laisser apprivoiser par le temps. Car le temps a son rythme qu’il faut respecter, voire épouser. On aimerait pouvoir contrôler le temps, l’organiser. Tout le monde a des agendas aujourd’hui, même les enfants. En plus, il faut profiter du temps qui passe, ne pas en gaspiller un moment. Pourtant, il semble qu’on n’en a jamais assez… sauf lorsqu’il y en a trop. Alors, le temps traîne, c’est bête, c’est ennuyant : si les vacances peuvent bien arriver; si Noël était là.

Comme il est difficile d’attendre patiemment l’arrivée d’une joie ardemment désirée. Il est pourtant encore plus difficile d’attendre avec patience la fin d’une épreuve. Une maladie passagère, une série d’examens, une partie de hockey désastreuse, un repas avec quelqu’un qu’on endure difficilement, ah! si ça peut donc finir. Cette patience-là, elle est encore plus exigeante, plus fragile. Si l’épreuve dure trop longtemps, on risque de perdre la tête, de craquer.

Et que dire de ces épreuves qui n’ont pas de fin : la maladie chronique, un handicap irréversible, la fin d’une relation, la mort d’un être cher. On n’en sort pas, de ces épreuves. Est-il encore possible d’être patient au cœur de ces difficultés?

Oui, mais à deux conditions. D’abord, il faut croire que cette épreuve, même si elle semble sans fin, n’aura pas le dernier mot. Le chrétien, la chrétienne sont habités par cette sorte d’espérance qui croit que l’amour vaincra en fin de compte, que la vie triomphera éventuellement de la mort. Peut-être cela ne se réalisera-t-il pas demain ni le jour après… mais un jour, lorsque le Christ aura tout rassemblé en lui, nous verrons la victoire de l’amour, la victoire de la vie.

Mais — et voilà la deuxième condition — cette espérance doit rejaillir sur l’aujourd’hui de notre épreuve ou de notre souffrance en lui donnant un sens. Peut-être ce sens est-il mystérieux, peut-être n’arrivons-nous pas à le nommer, mais nous y croyons. Nous nous unissons à Jésus sur la croix, nous communions à sa souffrance, afin que la nôtre se trouve amplifiée, élargie, prise dans une histoire qui mène à la résurrection.

Voilà la patience à laquelle saint Jacques nous invite. « Ayez de la patience. Voyez le cultivateur : il sait attendre les produits précieux de la terre avec patience. Prenez pour modèles de patience les prophètes » qui ont enduré l’épreuve et le martyre.


Mettons-nous donc à l’école du temps, et apprenons la patience lentement, doucement, dans les longues files aux caisses des magasins, dans l’envoi des innombrables cartes de souhaits, dans la préparation sans fin des repas de fête… même dans le décompte des dodos des enfants. Car cette patience quotidienne nous apprendra à attendre patiemment le Jour qui n’aura pas de fin.

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